Le « cauchemar vivant » du Soudan se poursuit alors que 11 millions de personnes fuient la guerre et les massacres

Le « cauchemar vivant » du Soudan se poursuit alors que 11 millions de personnes fuient la guerre et les massacres



Le « cauchemar vivant » du Soudan se poursuit alors que 11 millions de personnes fuient la guerre et les massacres

« La situation au Soudan est catastrophique. Il n’y a tout simplement pas d’autre façon de le dire. La faim et la violence sexuelle sont endémiques. Pour le peuple soudanais, c’est un véritable cauchemar», a prévenu Amy Pope, directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Le conflit, qui a éclaté en avril 2023 entre les Forces armées soudanaises (SAF) et leurs anciens partenaires devenus rivaux pour le pouvoir, les Forces de soutien rapide (RSF), a désormais déplacé 11 millions de personnes à l’intérieur du pays. Après plus de 18 mois de guerre, 3,1 millions de personnes ont trouvé refuge au-delà de ses frontières, a annoncé mardi l’OIM.

La violence monte

Le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a également exprimé mardi son « extrême inquiétude » face à une escalade dramatique des hostilités dans l’État soudanais d’Al-Jazirah.

Selon son bureau des droits de l’homme (HCDH), les violences se sont intensifiées après la défection, le 20 octobre, du commandant des RSF, Abu Aqla Keikel, au profit des forces du gouvernement militaire au pouvoir.

En représailles apparentes, RSF a lancé une série d’attaques ciblant des membres de son groupe ethnique, tuant au moins 124 personnes vendredi dans le village d’Al-Seriha, avec une vidéo non corroborée montrant des dizaines de corps alignés pour être enterrés.

Ces violences font suite à de précédentes attaques brutales menées par les forces terrestres de RSF contre les villes voisines de Tamboul et Rufaa, qui auraient fait des centaines de morts au milieu de pillages et de destructions généralisés. Des rapports indiquent que des civils ont été arrêtés, des appareils de communication confisqués et des récoltes incendiées, dans ce qui était autrefois considéré comme le « grenier du pays », a révélé le HCDH.

En raison des violences, des milliers de familles auraient été déplacées de l’État d’Al-Jazirah.

« Toutes les guerres sont brutales, mais le bilan de celui-ci est particulièrement horrible», a déclaré Mme Pope. « Les attaques aveugles tuent des civils, notamment de jeunes enfants, et certaines des zones les plus nécessiteuses restent entièrement isolées, sans accès à l’aide humanitaire », a-t-elle ajouté.

La violence sexuelle atteint des niveaux « stupéfiants »

Au milieu de l’escalade de la violence, un nouveau rapport de la Mission indépendante d’établissement des faits de l’ONU révèle des violences sexuelles généralisées perpétrées par les forces de RSF, en particulier dans les États du Grand Khartoum, du Darfour et de Geziera. Ces actes constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, selon l’enquête.

Les enquêteurs mandatés par le Conseil des droits de l’homme font état d’au moins 25 cas vérifiés de violences sexuelles, notamment des agressions contre du personnel médical et une fillette de 11 ans qui en est décédée.

L’ampleur des violences sexuelles que nous avons documentées au Soudan est stupéfiante», a déclaré Mohamed Chande Othman, président de la mission d’enquête. « La situation à laquelle sont confrontés les civils vulnérables, en particulier les femmes et les filles de tous âges, est profondément alarmante et doit être traitée de toute urgence. »

La réponse est insuffisante

Malgré la gravité de la crise, la réponse de la communauté internationale reste gravement sous-financée, l’appel humanitaire de l’ONU n’étant financé qu’à 52 pour cent. La part de l’OIM n’est financée qu’à hauteur de 20 pour cent, bien qu’elle ait aidé près de trois millions de personnes depuis le début de la guerre.

Le Soudan est de loin la crise la plus négligée au monde aujourd’hui. L’incapacité collective à agir signifie que la dévastation risque de se propager aux pays voisins », a averti Mme Pope, qui appelle à une action internationale immédiate pour empêcher une nouvelle déstabilisation régionale.



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